Article publié le 06 Avril 2024 17:00:00
par Sophie MAXENCE

SEPA : un projet d’accueil transitoire pour les animaux maltraités

©SEPA

Cette jeune association souhaite offrir aux animaux sous réquisition judiciaire un accueil sécurisé et temporaire en attendant que des places se libèrent dans les refuges et les familles d’accueil.

« Entre le moment où l'on sort un animal et le moment où on doit le placer, il y a un souci. Il faut qu’on puisse avoir une solution d’accueil en urgence pour des animaux en souffrance », appelle Hugo Bidault, co-président avec Isabelle Yvos de l’association Sauvetage Enquête Protection Animale (SEPA). Créée en novembre 2023, cette toute jeune structure est actuellement à la recherche d’un terrain et de fonds pour installer quelques boxes capables d’accueillir, de manière temporaire, les animaux retirés à leur propriétaire dans le cadre de procès pour maltraitance.

SEPA est dotée de trois juristes et d’une équipe de bénévoles actifs sur le terrain. « Nos enquêteurs vont constater les signalements sur place, puis nous montons des dossiers avec notre service juridique et nous déposons une plainte », détaille Hugo Bidault. Mais entre le tribunal et le refuge, il manque un maillon essentiel dans la chaîne du sauvetage. « C’est compliqué de trouver des places pour les animaux récupérés sous réquisition judiciaire, aussi bien dans les refuges, souvent pleins, que dans les familles d’accueil. D’une part, parce que nous recevons souvent des signalements très urgents, donc il faut trouver des disponibilités rapidement, d’autre part, parce que nous intervenons énormément pour sauver des chiens malinois ou de type staff. » Or, beaucoup de refuges sont déjà "saturés" par ce type de chiens qui sont par ailleurs difficiles à faire adopter.

« On ne peut pas sortir les animaux de mauvaises conditions pour les mettre dans des conditions instables. »

Il faut également savoir que l’accueil d’un animal sous réquisition peut être lourd financièrement pour une structure associative, comme l’explique Hugo Bidault. « L’animal sous réquisition est obligé de rester dans l’association dans laquelle il est placé jusqu’au bout de la procédure, qui peut durer très longtemps. On ne peut pas faire adopter l’animal pendant tout ce temps, ce qui représente un coût pour les associations. »

Pour pallier cette défaillance, SEPA souhaite ainsi créer un accueil transitoire permettant de « sortir les animaux en urgence, les garder potentiellement le temps de la réquisition, puis effectuer des placements dans des refuges à travers la France », explique le co-président, qui poursuit : « nous avons lancé une première campagne d’appels aux dons et nous sommes actuellement à la recherche d’un terrain dans les Pyrénées-Orientales. »

Derrière le projet de SEPA se trouve l’épineux problème de la prise en charge d’animaux dans le besoin, alors que les associations et refuges indépendants, en proie à des difficultés financières amplifiées par l’inflation, ont du mal à faire face à la demande. « À un moment donné, on se heurte au manque de place. Où met-on ces animaux dont on retire la garde à leur propriétaire ? On ne peut pas les sortir de mauvaises conditions pour les mettre dans des conditions instables. Ce sera toujours un peu mieux, mais pas satisfaisant. Il faut avoir une prise en charge la plus complète et la plus saine pour l’animal », réclame Hugo Bidault.

Un des sauvatages de l'association ©SEPA

Alors que les signalements sont nombreux, sur le terrain, les forces de l’ordre, de mieux en mieux formées, s’emparent du problème selon Hugo Bidault. « Dans notre département, on a la chance d’avoir, dans presque toutes les gendarmeries, un voire deux référents de protection animale. C’est la même chose du côté de la police. Le problème, c’est que la justice derrière ne suit pas », déplore le responsable de SEPA. Ce dernier regrette « le peu de peines appliquées » ainsi que la lenteur des procédures. 

Pour continuer à mener à bien ses missions, SEPA est à la recherche de familles d’accueil ainsi que de bénévoles pour réaliser les enquêtes. « On essaie de rembourser les frais kilométriques car les enquêtes nécessitent de nombreux déplacements et le prix de l’essence freine beaucoup de personnes. Nous avons donc également besoin de dons pour nous aider », indique Hugo Bidault. SEPA est aussi à la recherche d’un nouveau juriste pour renforcer son équipe.